Promenade nocturne [Nuit] [Libre]

La noirceur de la nuit flottait dur Étienne-Laurion depuis bien longtemps déjà. La lune en D se trouvait haut dans le noir du ciel, parmi les étoiles, petits points lumineux. Emerya s'approcha de sa moto, doucement, glissant comme une ombresur les dalles pavées de la ruelle. En sortant sur le coin, elle enfourcha rapidement sa moto noire comme nuit, et bien vite celle-ci se transforma en magnifique cheval, grand et fort.

-Allez Maïnna, calme-toi.

Le cheval finit par s'apaiser et Emerya la félicita. Cette fière monture magique était fougueuse et élégante. Elle possédait beaucoup de force. Gare à celui qui s'approcherai trop d'elle, mis à part bien sûr sa maîtresse. Emerya pressa les cuisses sur les flancs noirs de son destrier. Elle donna un coup de langue et la jument s'avança au petit trot. Ses sabots claquaient sur le sol, et résonnaient au beau milieu de la nuit. Emerya s'étonna de ne voir ni alters ni sylphors, ni humain, ni rien. C'était désert. Peut-être étaient-ils tous en conseils dans leurs repaires. Quoi qu'il en soit, Emerya se dirigea vers la ruelle la plus proche. Elle se trouvait à deux kilomètres. La Walkyrie descendit de sa monture et Maïnna se retransforma en moto. La jeune femme balaya du regard les environs. Elle était déjà venue ici, avec le Pub Diabolo. Elle commença à marcher tout doucement, lentement, mais cela se transforma bientôt en une marche rapide et fluide. L'air froid vivifiant du soir et poussé par le vent caressait les joues d'Emerya, que ses cheveux voletaient doucement vers l'arrière. Son pas était silencieux. Lorsqu'elle entendit une voix d'homee, elle plaça ses mains en positions pour matérialiser une arme. Une épée de glace y prit bientôt forme. Elle se glissa sur le coin de la ruelle d'où provenait la voix et attendit en silence.

Emerya sentit une faible aura se dégager autour de l'homme qui s'approchait à grands pas. Après réflexion, elle comprit qu'en fait, l'aura était autour de l'homme. Après l'avoir sondé apidement quelques secondes plus tôt, elle avait détecté une grande partie de sang humain dans cet homme, mais une partie de sang d'elfe de lumière faisait surface. L'aura étincelait d'une lumière blafarde et d'une force moyenne. Ce devait être un ancêtre de l'homme qui le contactait. Tout en progetant sa concentratin et son énergie sur l'humain, Emerya fixait son regard sur l'horizon. Un étrange lumière orangée tentait de sortir vivante sur sa bataille contre l'ombre de la nuit. Seuls des yeux aguerris de walkyrie pouvait capter cette dernière lueur à une heure si avancée de la nuit. Ou peut-être aussi ceux des elfes de lumière. La Walkyrie entendit un léger frappement du cuir dans le vent. L'homme s'était envolé, et elle l'avait détecté avant même de l'entendre. Elle resta cependant immobile, et reporta la plus grande partie de son attention à l'intérieur de la ruelle, alors quela petite partie restante se dirigeait au-dessus d'elle, là où l'humain avait atterit. Emerya devinait que cet homme avait assez de sang d'elfe pour bien se défendre et contrôler quelques pouvoirs. Immobile comme une statue, la walkyrie tendit l'oreille. Loin, très loin, un bruit de moteur retentit. Ce doit être à l'autre bout de la ville pensa-t-elle. Le son était si faible, qu'il aurait été incaptable par les humains. L'homme sur le toit en haut l'entendait-il? Elle n'y misait pas asez d'énergie pour le déceler. Elle garda la pose un bon moment, dans le silence total, seul le sifflement grave du vent sillait dans leurs oreilles. Elle ne bougea pas durant de longue minute. La seule chose qui bougeait était sa tunique, qui frappait violemment le vent. Puis, sans avertir personne, Emerya bondit d'un coup rapide, s'envola en une fraction de seconde et atterit deux secondes plus tard en arrière de l'homme, dans un silence aussi absolu, et dans une série de geste rapides et synchronisés. Elle savait que l'homme ne représentait pobablement pas une menace, mais ne baissa qu'à moitié sa garde. Elle sonda rapidement l'esprit du jeune homme. Il était encore un peu surprit, mais savait qu'elle se trouvait là. Elle brisa alors le silence d'une voix tout aussi cristalline que son apparence:

-Bonsoir. Que faites-vous à une heure aussi tardive?

La walkyrie le savait pertinnement. Ce n'était qu'une mise en situation. Elle attendit, immobile, que l'homme lui réponde. Elle le regarda des pieds à la tête. Bien taillé, plutôt grand. La position qu'il adoptait semblait réfléter sa personnalité. Des cheveux mi-longs, bruns, encadraient son visage toujours invisible aux yeux d'Emerya. Il la dépassait d'une vingtaine de centimètres. Elle continua de scruter cet homme inconnu, tout en attendant.

Emerya vit enfin l'homme se retourner. Ses yeux foncés, son visage bien proportionné et taillé finement sautaient aux yeux de la walkyrie. Son expression semblait exprimer son doute et son appréhension, très faiblement. Emerya ressentit finalement cette sorte d'aura qui tournait autour de lui. C'était un exprit antique, certainement un aîné défunt de cet humain. Peut-être un elfe de lumière, étant donné ses origines. La jeune femme repoussa une mèche de cheveux bouclés qui venait de tomber sur son visage doux mais ferme suite à un coup de vent vers l'arrière. Scrutant petit à petit le visage de cet inconnu, explorant ses traits, apprivoisant ses expressions, la walkyrie se demanda s'il serait bien placé de répondre à la première réponse. Une deuxième remarque suivrait sûrement celle venant de sortir de la bouche de l'homme, elle en était quasi-certaine, aussi attendit-elle, dans le vent, une réponse à venir. Celle-ci ne sut tarder, tout de même Emerya eut le temps de retourner à ses réflexions. L'humain ne semblait pas intimidé par cette étrange beauté qu'affichait la walkyrie, et celle-ci en fut mi-soulagée, mi-perplexe. Il y semblait même indifférent, et plus Emerya y pensait, plus elle se disait que c'était une bonne chose autant pour lui que pour elle. Cela la mena finalement à poser un geste rare: elle plongea dans le regard aux couleur brumeuses de l'homme, et y explora les recoins, les différences. Elle soutint ce regard franchement et droitement durant au moins une minute, avant de finalement prendre compte de la récente réponse de l'humain. Elle redressa alors les épaules, replaça comme il faut un pan de sa tenue qui semblait souhaiter partir en ballade avec le vent. Ce fut avec fermeté et bravoure qu'elle répondit, fière.

-Bien sûr, je vous le convient. Ah le démon, vraiment. Et comment êtes-vous placé pour vous le permettre? Je suis moi-même Emerya, Walkyrie depuis quelques années, guerrière d'Odin, et voilà pourquoi je surveille les parages à cette heure.

Emerya aurait pu vriller dans les yeux sombres qui s'offraient à elle en la dévisageant. Elle n'en fit rien. Elle avait appris à poruver ses forces, sa droiture et son courage sans pour autant paraître arrogante ou irrespectueuse voilà maintenant belle lurette. Elle senit l'aura tenter de s'approcher d'elle. Curieusement, elle en ressentit de l'agacement. Que les hommes la trouve jolie, ou même un peu trop, soit. Mais cet ancêtre paraissaît particulièrement coriace, jusqu'à aller même jusqu'à lui tapper sur les nerfs. Elle se tendit légèrement, mais ressenti qu'il s'éloignait. Elle reprit une posture normale un quart de seconde après l'avoir changé, et fixa son regard tout là-bas, sur l'horizon à présent à peine rosé. Le reste du ciel, noir comme les profondeurs sombres des fonds sous-marins, commençait à se remplir de petit picots lumineux. Petite, Emerya pensait que les étoiles étaient en fait les âmes des défunts. Aujourd'hui, elle n'en était plus aussi sûre, surtout en découvrant les âmes des ancêtres refairent surface, lors de son élévatin walkyrie. La jeune femme respira l'air à plein poumon, silencieusement, aspirant du nez l'air frais de la nuit. Elle se crispa soudain. À ce moment, l'homme en face d'elle lui répondit. Un jeune homme de la lignée d'un elfe de lumière... C'était intéressant. Cependant, Emerya ne relèva pas le fait qu'il ne s'était pas à proprement présenter. Elle ne s'y attarda guère, aux aguets, et son souffle se coupa deurant une seconde. Imperceptiblement, son coeur commençait à battre plus vite, ses doigts à fourmiller, son esprit alerte et celui de combat se réveillait. Elle sentit que l'homme était plongé dans ses pensées. Elle aurait facilement pu s'y engouffrer, mais son esprit était attiré ailleurs. Plus particulièrement, vers 2 heures. Une finne silhouette se découpa petit à petit, noire sur le ciel bleu indigo. Un alter... Emerya se prépara mentalement à réagir, et fit de son mieux pour feindre l'intéressement semblable qu'elle avait prodiguer plus tôt à l'humain (pas si humain que ça, finalement). Une silhouette, quelque peu plus grande et carrée, apparut aux côtés de la première. Emerya serra les dents, son souffle devint rauque. Elle se tut finalement, après quelques fractiosnd de secondes; les alters étaient partis dans la direction opposées, sur les toits de la ville. La Walkyrie les voyait encore, s'éloigner en bonds agiles. Elle regarda l'homme et finit par demander, fermement mais avec un calme légendaire:

-Que feriez-vous si je vous lançait un défi? Un combat amical, par exemple...

Une ombre de malice passa durant quelques secondes dans ses yeux, puis fût remplacée par le doute durant le mêment temps. L'assurance et un peu d'espièglerie dominait maintenant dans son regard.

Emerya sourit. Le bon sens de l'homme était un réflexe évident que tout être "humain" possédait. Elle aurait normalement dû obéir à ses intuitions. Cependant, en tant que Walkyrie, il fallait toujours qu'elle y pense à au moins cinq fois avant de prononcer quelques simples mots. L'homme semblait totalement désintéressé. Il garda longuement le silence, et Emerya devina qu'il réflechissait, ou pensait simplement. Elle plongea sans gants dans les pensées de l'humain à sang d'elfe et y récolta quelques informations inutiles. Elle reconnu les sylphors qu'il avait éliminé. Enfin, reconnu était un bien grand mot... Elle avait simplement détecté leur présence plusieurs heures plus tôt, tout près du bar HotBeer, férquenté par les hommes les moins fréquentables de la ville. Elle ne s'y était pas attardée, sentant qu'une intervention rapide allait s'effectuer avant qu'elle ne puisse y arriver. Elle arrêta de suivre le cours des pensées d'un coup un peu tro sec; peut-être cela avait-il averti l'homme qu'il n'était pas seul dans sa tête. Mais le motif était qu'en fait, une bande d'alters se présentait derrière eux. À plusieurs mètre, une vingtaine. La Walkyrie se retourna d'un bond et fit apparaître son épée de glace d'un geste prompt et précis. Elle la fit tournoyer dans sa main et saisit d'une poigne de fer le bout approprié de l'épée... Elle n'eut pas besoin de regard l'homme qu'elle savait qu'il se préparerait bien vite au combat. À moins qu'il ne la laisse faire... Mais cela aurait étonné Emerya. Elle fit quelques pas en avant, et les alters, environ six ou sept, en firent de même d'un geste assuré et saccadé. Un sourire étrange se dessina sur les lèvres de la jolie blonde... Enfin de la véritable action.

Emerya se retrouvait maintenant face à quatre des sept alters s'étant approché. Les trois autres avaient fait le tour, choisissant d'encercler leurs proies. La Walkyrie sentit que l'homme se préparait à combattre dans son dos. Elle inspira silencieusement, et reçut une bouffée d'énergie gigantesque. Prête à lancer l'assaut, elle fixa d'abord ses adversaires avec un petit sourire amusé. Ils semblait tous les quatres déterminés et sûrs de leu victoire. Ce n'était pas le cas de la jolie femme qui se tenait devant eux. Ils étaient quatre hommes, trois d'entre eux gigantesques et musclés, le troisième un peu plus frêle et hésitant, quoique d'un grandeur impressionnante. Son regard était mauvais et perçant, et il affichait un air sarcastique, tout comme ses frères d'armes. Emerya entendit un choc entre deux épées fantômes derrière elle. Elle remarqua alors une marque sur la joue gauche de chacun des alters. Danny lui fournit une précieuse information qu'elle s'étonna de ne pas connaître. Elle sourit légèrement avant de brusquement bondir vers ses assaillants, avec une souplesse impressionante. Elle se jeta entre eux, sans en viser aucun. Elle vit un alter foncer vers elle en criant en guise de cri de guerre. Il venait par derrière, légèrement vers la droite. La Walkyrie se retourna au dernier instant et para habilement le coup pour ensuite asséner un coup violent dans les côtes de l'ennemi. Celui-ci tenta bravement une autre attaque, mais Emerya le réduit au silence en lui tranchant le corps en deux. Le corps en deux partie s'effondra au sol. La jeune femme blonde se retourna vivement et bondit vers un autre alter. Il ne semblait pas s'être rendu compte de la mort de son compagnon. Un autre alter vint se placer aux côtés de celui qu'Emerya visait et tout deux tentèrent d'envoyer leurs armes vers elle. Malheureusement pour eux, la jeune dame esquiva rapidement et, d'un geste circulaire, elle affligea une profonde blessure dans l'estomac de ses deux assaillants. Sans perdre de temps, elle trancha la tête d'un, et lança un bon coup de pied en pleine figure à l'autre. Le temps passait très vite, et tous enchaînaient coups sur coups. Cela faisait à peine une quinzaine de secondes qu'elle se battait. Emerya pivota lentement sur elle-même et fit face au plus frêle d'entre eux. Elle haussa les sourcils, l'air de dire "-Tu es sûr que tu en veux toi aussi?", mais n'attendit aucune réponse et, en quelques bonds, s'approcha de lui en zigzag. Elle taillada rapidement le buste de l'alter et s'apprêtait à lui couper les jambes lorsqu'il esquiva et tenta d'asséner un coup sur la tête de la Walkyrie. Celle-ci s'écarta lentement et l'épée fantôme siffla à quelques millimètre de son épaules. Elle haussa les épaules avant de revenir à la charge vers la droite de l'alter. Celui-ci bondit sur le côté et frôla le dos de la jeune blonde. Celle-ci comprit bien vite que, bien que plus fragile, ce quatrième assaillant était en fait plus intelligent. Elle n'eût cependant pas de mal à l'achever avec un bon coup de garde de son épée de glace après quelques ruses. Voilà trente secondes que la bataille avait commencé. Emerya jeta un furtif regard vers l'homme, et vit qu'il avait éliminé un petit alter. Elle regarda la position de son frère d'arme temporaire et vit qu'il était effondré sur le sol, la silhouette d'un gigantesque alter se tenant devant lui. L'ennemi s'apprêtait à frapper, mais la Walkyrie se coula vers lui et lui balaffra le visage en guise d'avertissement. Elle força l'alter à reculer sur le coup de la surprise et entama un combat acharné. De temps à autre, elle regardait furtivement l'homme, mais il était toujours étendu sur le sol. C'était le premier combat qu'Emerya menait sans parler à ses adversaire. Elle dit avec arrogance, alors qu'elle allait venir à bout de son ennemi:

«Alors, pas trop peur de la mort, fillette?»

À première vue cette provocation eut pu paraître poussée, mais combattre contre tous ces alters sans même glisser une petite provocation lui avait donné une envie de provocation plus forte que jamais. Emerya se retourna alors de l'homme et s'approcha. Elle s'agenouilla et vérifia s'il ne portait pas de blessures graves. Ce n'était pas le cas, il était seulement assomé. Il était bien rouge au centre du visage, et son nez présentait une petit hémorragie externe, mais cela finissait là. Elle sonda rapidement les alentours, pour découvrir la présence d'une femme alter, qui jusque là était restée en retrait. Elle se releva doucement et se retourna. Elle resta immobile de longues secondes, à fixer l'ennemie. Celle-ci en fit de même, et bientôt leurs regards devinrent semblables: meurtiers, assoiffés de vengeance, bien que celui d'Emerya restait plus raisonnable et bienfaisant que celui de la femme alter qui était purement sadique. Emerya fit un geste pour replacer une mèche flottant dans le vent de ses cheveux blonds, et murmura, entre hargne et haine:

«Einahpéts...»

Celle-ci lui rendit son salut du même ton neutre et crachant. Les deux femmes se toisèrent longuement, puis Emerya fit un pas en avant. L'alter la dévisagea, bien décidée à ne pas se laisser faire et à remporter cet ultime combat, et avança de trois pas, puis cessa son action en fixant à nouveau la Walkyrie, le regard perçant. Une corneille vint à passer, en quelques frappement d'ailes et croassement lugubres. Mais cela n'impressionait ni n'ébranlait aucune des deux adversaires, qui se regardaient toujours, tel deux cowboys avant un affrontement, et ce depuis une trentaine de seconde déjà. Le vent sifflait violemment sur les toits, faisant ballotter en tous sens les cheveux et les pans de cape des deux jeunes femmes aux antypodes; l'une aux cheveux noir de jais, l'autre blonde, yeux noirs et yeux bleus, petite l'autre grande, trapue et l'autre fine. Ce dévisagement dura une éternité.